Démons et MerveillesCertains livres ne doivent pas être mis entre toutes les... griffes. Personne ne sait quand ni par qui le Codex a été écrit, ni même s'il existe la moindre once de vérité dans ses pages, pour la bonne et simple raison que la plupart des évènements qu'il décrit remontent à une époque si reculée que la vie n'avait pas encore vu le jour sur notre monde. Certains réfutent donc en bloc l'histoire qu'il dévoile tandis que quelques démonologues ont fait des rares fragments qu'ils ont réussi à retrouver leur livre de chevet. Sans doute la vérité se situe-t-elle quelque part entre ces deux positions, mais bien malin qui saura la démêler du mensonge. Le Codex DemonusLes rares sources qui font état de cet ouvrage ne parviennent déjà pas à s'accorder sur son apparence physique. Un récit anonyme prétend que le livre est relié dans une peau d'ange solaire tandis qu'un aune affirme que cette même fonction est remplie par le cuir d'un bodak extrêmement puissant dont les yeux auraient été par magie greffés dans la couverture afin que le regard mortel du monstre défunt protège le livre maudit des indélicats. Ce recueil se décompose donc en six parties, qui sont : la genèse, les yugoloths, les baatezus, les tanar'ris, les gehreleths et la Guerre Sanglante. Quiconque désire consulter l'ouvrage n'a qu'à l'ouvrir à la "page" de son choix puis à se concentrer sur le chapitre ou la strophe qu'il désire compulser. Le texte apparaît alors sur la plaque de platine. Le Codex Demonus est écrit en yugoloth, ce qui constitue une raison supplémentaire de se méfier de son contenu. Dans les brumes du passéEt la Loi et le Chaos s'opposaient sans cesse, mais les puissances qui les régissaient comprirent que ce conflit n'aurait pas de fin. Alors elles créèrent le Mal. [Cod. D., 1, I, 38] Et les baernaloths comprirent qu'ils étaient des dieux et qu'ils détenaient le pouvoir de donner naissance à leurs propres serviteurs. [Cod. D., 1, IV, 236, repris dans 2, I, 312] À l'origine, alors que l'infinité des plans venait tout juste de surgir du magma élémentaire, les forces primordiales que sont la Loi et le Chaos s'opposaient afin de prendre le contrôle du multivers. Leur combat fit rage pendant une période incalculable avant que deux autres protagonistes, le Bien et le Mal, émergent spontanément pour se joindre au conflit. Et toujours la lutte se poursuivait, sans que jamais la moindre issue ne soit en vue. Issus de la Gaste Grise, ces êtres possédaient une intelligence surhumaine, et ils conférèrent pendant des siècles afin de mettre au point la meilleure stratégie possible pour leur camp. Enfin, ils décidèrent qu'ils ne pourraient triompher tant qu'ils ne disposeraient pas d'une puissante armée qui les suivrait jusqu'à la mort. Ces soldats se nommeraient yugoloths. La gemme et le généralEt ces puissances divines donnèrent alors naissance aux seuls véritables fiélons, les yugoloths. [Cod. D., 2, II, 12] Et elles leur dirent : "Vous ne vivez que pour nous servir." [Cod. D., 2, II, 13] Puis les baernaloths disparurent à tout jamais dans les brumes d'où ils étaient issus, et l'on dit qu'ils y résident encore aujourd'hui. [Cod. D., 2, IV, 522] Alors le Général de la Géhenne fit appel au pouvoir de la Pierre pour chasser la Loi et le Chaos qui embrumaient l'esprit des siens. [Cod. D., 2, VI, 395] Mais les premiers yugoloths s'éloignaient de la perfection que leurs créateurs avaient voulue pour eux, car la Loi et le Chaos exerçaient sur eux leur troublante influence. Il réunit donc les siens et tous, à tour de rôle, laissèrent la gemme chasser la Loi ou le Chaos qui était en eux, tous sauf les réfractaires qui furent traqués par leurs frères jusque dans les ultimes recoins de la Gaste Grise. Quant à l'ultroloth, il enseigna à une poignée d'arcanaloths les secrets de son pouvoir puis partit pour la Géhenne. Personne ne sait ce qu'il advint de lui, mais les yugoloths prétendent qu'il reviendra à la fin des temps, détenteur de secrets qui précipiteront la chute du multivers. Depuis, tous ont oublié son nom, mais le Général de la Géhenne reste encore présent dans tous les esprits. Les yugolothsCar ils sont les seuls fiélons à n'être pas d'abord passés par une autre forme d'existence. [Cod. D., 2, III, 647] Et il fut décidé que les arcanaloths resteraient soumis aux ultroloths, mais qu'en échange, ils se verraient doter de capacités magiques sans précédent parmi les autres membres de leur race. [Cod. D., 2, VIII, 186] Une fois expurgées les parts de Loi et de Chaos qui étaient en eux, les yugoloths les regardèrent grandir de loin tandis que les baernaloths partaient se fondre l'un après l'autre dans les confins de la Gaste Grise. On ne connaît pas de véritable chef yugoloth, à l'exception du mythique Général de la Géhenne et des légendaires baernaloths, qui communiquent parfois leurs souhaits à leurs serviteurs par le biais des ultroloths (du moins ces derniers le prétendent-ils). Les yugoloths sont des mercenaires, qui trahissent allégrement chacun des protagonistes de la Guerre Sanglante afin d'alimenter le conflit et de veiller à ce qu'il ne prenne jamais fin. Sans cela, où serait le profit ? Les diablesNeuf seigneurs pour autant de strates. Neuf seigneurs pour les diriger tous. [Cod. D., 3, II, 54] Et il fut décidé par les Neuf que les Sombres Huit commanderaient les armées des Neuf Enfers. [Cod. D., 3, VIII, 408] Les diables, baatezus dans la langue des Enfers, fonctionnent selon un système de castes d'une rigidité extrême au sein duquel chacun complote pour éliminer ses rivaux et prendre la place des plus puissants, mais sans qu'il soit jamais possible (ni même pensable) de désobéir à un ordre direct. Les mystérieux Neuf dirigent les baatezus, à raison d'un par strate, et il est rare qu'ils survivent plus de quelques dizaines de milliers d'années (une durée insignifiante pour un fiélon) avant de se faire renverser par un subalterne ambitieux. Les Huit sont des diantrefosses particulièrement puissants qui ont la charge des armées des Enfers. Ils sont entourés de nombreux lieutenants (et assassins potentiels) qui ont pour nom amnizus, cornugons ou encore gélugons ; puis viennent les hordes grouillantes dont les plus faibles sont les lémures. Les démonsToujours changeants et infinis, tels sont les Abysses, et chacune des strates qui les composent mue sans cesse en fonction des désirs de qui la dirige. [Cod. D., 4, I, 196] Et Lynkhab, à trop vouloir incarner le désir, n'est plus aujourd'hui qu'une entité désincarnée. [Cod. D., 4, VII, 354] Certains prétendent que les Abysses se composent de six cent soixante-six strates différentes, d'autres qu'ils n'ont pas de fin. Quoi qu'il en soit, tous s'accordent pour dire qu'il y règne un chaos permanent fort différent de l'ordre sournois des Enfers. Ici, pas de promotion à espérer pour "sévices rendus". Les seules formes d'ascension sociale sont le meurtre, le complot (extrêmement risqué lorsqu'il est impossible de faire confiance à qui que ce soit) ou la manipulation politique, mais rares sont les démons (tanar'ris en abyssal) capables d'apprendre cet art que les diables maîtrisent à la perfection. Les tanar'ris sont nettement plus nombreux que leurs ennemis jurés, les baatezus, et certaines études tendraient même à démontrer que leur nombre est infini. Toutefois, leur incapacité à agir de manière cohérente et à cesser de se battre entre eux les a à ce jour empêché de triompher. Même leurs seigneurs ne parviennent pas à les fédérer, mais sans doute cela est-il dû au fait qu'ils sont aussi inconstants que leurs sbires. Les seigneurs des Abysses sont extrêmement nombreux et tous ne sont pas tanar'ris. Parmi eux, les plus célèbres sont sans doute des démons comme Fraz Urblu, Juiblex ou encore Démogorgon, dont la cruauté a traversé les mondes et les siècles. Mais ces seigneurs sont trop occupés par leurs petites affaires pour se mêler à la Guerre Sanglante, aussi en laissent-ils la charge aux balors, monstres terrifiants qui règnent en maîtres sur la société des tanar'ris. Les mortels qui se transforment en tanar'ris deviennent des mânes. Mais contrairement aux Lémures, ceux-ci n'ont aucun espoir de devenir un jour autres que ce qu'ils sont. Pour eux, une seconde mort, celle-là définitive, est la seule délivrance à espérer. Les gehreleths"Voyez, dit Apomps à ses frères baernaloths, voyez les êtres que je viens de créer." [Cod. D., 5, I, 267] Et ils lui répondirent : "Tu n'es plus des nôtres, Apomps. Soyez bannis, toi et tes créatures, et sache que nos yugoloths vous traqueront partout où vous irez." [Cod. D., 5, I, 268] Les gehreleths sont les moins nombreux des fiélons. Créés par un baernaloth à partir d'expériences sur des cadavres de yugoloths, ils ont depuis été pourchassés jusqu'aux Carcères, où ils résident encore aujourd'hui. Il n'existe que trois types de gehreleths connus, les shators, les kelubars et les farastus. La société des gehreleths est excessivement simple et basée sur la puissance de chacun. Les shators règnent donc en maîtres sur les Carcères. La Guerre SanglanteEt Bel le diantrefosse s'exclama : "Aujourd'hui, nous allons gagner la Guerre Sanglante." [Cod. D. 6, V, 536] "Voilà qui m'étonnerait," songea l'arcanaloth qui lui servait de conseiller. [Cod. D., 6, V, 537] La Guerre Sanglante est la raison d'être des fiélons. Aujourd'hui encore, c'est le statu quo qui règne, et sans doute ne faut-il faire aucun cas de l'ultime strophe du Codex Demonus : Et, unis sous la houlette des yugoloths, les fiélons mettront les autres races du multivers à genoux. [Cod. D., 6. IX, 666]
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