Osh-Kosh Bigosh a écrit :
Je ne crois pas être hors sujet, car cette disposition du Bien et du Mal ne reste qu'un point de vue. Crois-tu que des Drows (par exemple) pensent faire le Mal ? Non, ils agissent et interagissent dans leur propre vision du monde. Entre eux, tué quelqu'un de dos, par surprise, n'est pas considéré comme un acte mauvais en soi mais plutôt comme la quintessence de la survie.
[…]
Et pour revenir à l'aspect ludique, peut-on alors - toujours selon les Droits de l'Homme et en considérant que l'Homme est toujours soumis à l'erreur - accepter qu'un personnage BON puisse exterminer allègrement des gobelins et autres créatures malveillantes ? N'as-tu jamais eu dans tes groupes de joueurs des personnages qui ont mis à mort une pauvre créature vaincue ? Le premier article des Droits de l'Homme stipule que les hommes naissent libres et égaux en droit... ; et selon ta source, « creature rights », alors je repose la question : un personnage BON a-t-il définitivement le droit de dispenser la mort ?
Pour la première partie, les règles donnent un cadre objectif pour définir le Bien et le Mal. Les arguments sur le relativisme moral n’ont donc pas de pertinence quand on parle des alignements à ad&d. On peut avoir une opinion sur la justesse du choix de cadre normatif choisit par les règles et son auteur (c’est hors-sujet), mais on ne peut pas dire qu’à ad&d, le Bien et le Mal changent en fonction des groupes de créatures.
Autrement dit, l’alignement d’un personnage, d’une créature ne dépend pas de l’observateur. Un orque d’alignement
loyal mauvais d’après les règles, n’est pas
loyal bon aux yeux de ses camarades orques, il est
loyal mauvais. Ce, peu importe l’alignement de son observateur. Que les orques ne voient aucun problème à tuer ou torturer leur prochain, qu’ils considèrent cela comme une façon évidente de traiter les « problèmes », c’est normal c’est l’essence de leur alignement mauvais. Ce n’est pas « bien » à leurs yeux, c’est « normal », c’est le « comportement adapté socialement » qu’il ne faut pas abusivement traduire par « c’est le bien pour eux ».
Revenons au cadre ludique, je suis bien d’accord avec toi, dans le cadre qui nous est proposé par les règles un personnage
bon qui tue à tour de bras des créatures ça ne cadre pas avec les principes définissant le bien dans ad&d.
(On peut restreindre aux créatures construisant des civilisations mais ça représente quand même le bon paquet de ce que les PJ trucident à commencer par les gobelinoïdes).
Et là, pour moi le problème vient de l’interprétation que l’on fait de l’alignement
mauvais, on lui prête trop facilement une mécanique de pensée calquée sur le
bien, les gobelins, les orques sont des créatures mauvaises mais en fait elles se comportent comme des créatures bonnes comme tout le monde, parce que
"le bien, le mal, tous ces trucs là c’est un peu flou pour moi heu, tu veux dire quoi par mal ?"(1), que ça dépend de comment on regarde,
"l’ennemi est bête : il croit que c’est nous l’ennemi, alors que c’est lui"(2) » et autres considérations relativistes qui n’ont pas de sens dans le cadre des alignements à ad&d.
Les créatures mauvaises doivent être traitées comme telles quand on les met dans la partie, ce sont elles les agresseurs, ce sont elles qui refusent de se rendre, ce sont elles qui suppriment leurs faibles (non combattants, femmes, enfants, vieux) avant que ces derniers ne tombent entre les mains des « bons » PJ. Ces bandes armées mauvaises tuent, pillent et réduisent en esclavage les compatriotes des PJ, ce sont des dangers dont il faut protéger la population.
Si on veut que les personnages soient des héros, il faut les mettre en position de l’être et non les traiter en pillards sans scrupules. Et puis c’est bien plus amusant de voir les PJ monter un plan pour arriver à faire un prisonnier orque ou gobelin parce que c’est compliqué d’en attraper un vivant que de mettre des conflits moraux pas très utiles sur faut-il épargner la vie des gobelins quand on est paladin ?.
Et puis au fond, qui nous dit que dans l’univers ad&d, les différentes races sont véritablement libres de leur alignement. Les gobelins et les orques sont peut-être condamnés à être les parasites "mauvais" des sociétés bonnes. Peut-être qu’un gobelin ou un orque qui devient bon change de race et devient un gnome ou un nain ? À partir du moment où on part dans le poncif du Bien opposé au Mal, autant y aller à fond et construire des conséquences exotiques à cet état de fait.
(1) Ghostbusters
(2) Pierre Desproges