Chapitre 1 Le printemps à Port Ker

[Hallacar]

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Alors que les premiers voyageurs quittent la salle pour aller chercher leur monture, les quatre amis terminent leur repas avec plaisir
Puis ils se lèvent pour regagner les écuries
Ils voient partir en direction du nord un groupe de trois cavaliers avec deux chevaux supplémentaires.
Le groupe est bien équipé et les hommes robustes.
Non loin une charrette vide est attelée et deux commerçants y montent alors que deux cavaliers finissent de mettre les fontes sur leur monture.
Ils voient leur mule et leur attelage prêt à être mis en condition.
Mais ils remarquent tout de suite Gilles en tenue de voyage adossé au mur de la grange accompagné d'un second individu.
Un homme à la stature imposante vêtu d'un long manteau de voyage élimé, la toile cirée est par endroit fendue et on peut deviner dépassant de ce dernier la bout d'un fourreau devant contenir un épée.
Le visage de l'homme est massif et une barbe de plusieurs jours mange ses joues et son menton, deux yeux plissés vous regardent arriver avec méfiance.

[Zedafty]

En entrant le premier dans l'écurie et en apercevant le camelot, Stephano ressent un souffle glacé refroidir son front par l'intérieur. Le jeune homme écarquille les yeux, interrompt son pas et, par pur réflexe, porte une main fébrile à la ceinture pour y tâter le pommeau de son épée.

Noirsang ! Je le pensais déjà sur la route ! Il attendait là, le bougre. Près du chariot. Qu'il a sûrement déjà inspecté...

Presque instantanément, Stephano se ressaisit et fait de son mieux pour simuler une posture sereine en reposant le pied, en relevant le menton, en redressant la colonne et en relâchant les épaules et les poignets. Ce n'est qu'alors, en reprenant le contrôle sur ses sens, qu'il réalise la présence de l'homme de main de Gilles.

Et il n'est pas seul, le coquin.

[Derkanke]

Ivano est à la fois rassuré et inquiet de voir Gilles. Rassuré car s'il est là c'est qu'il souhaite les accompagner à Port Ker; inquiet car il peut très les bien les accompagner jusqu'à une embuscade.

Il se dirige vers les deux malfrats assez serein pour s'adresser au cerveau plutôt qu'aux muscles. Pas de risque pour l'instant, les muscles n'interviendront pas en ville car le cerveau serait interdit de passage à Araden dans le futur.

« Bonjour. J'ai réfléchi à ta proposition hier. Comme la confiance règne pas entre nous ni avec mon père, la seule solution qui me va c'est que tu m'accompagnes chez moi le voir, avec mes camarades présents aussi pour la transaction. Ils seront là par précaution si tu cherches à nous la mettre à l'envers une fois arrivé chez mon père: moi non plus je fais pas confiance quand il s'agit d'argent, ou pas confiance en règle générale d'ailleurs. Je pense qu'on peut se comprendre mutuellement sur ce point. Si mon père te reconnaît comme étant un employé de ses créanciers il te donne le magot et on est bon, s'il te reconnaît pas on attend tout ensemble un employé qu'il a déjà vu pour qu'il lui file le pactole. Comme ça il pourra pas prendre la poudre d'escampette. Et faire face à sa colère et son mépris pour le restant de mes jours c'est déjà le cas depuis longtemps donc bon. Si c'est bon pour toi on y va avec ton compère. »

[Hallacar]

Gilles sourtit en entendant Ivano

« je finis par croire que le proverbe qui dit que la nuit porte conseil est plutôt réaliste
Sage décision jeune homme
j'ai hâte de revoir ton père »

se tournant vers le gaillard

« Selles nos chevaux Brodus
et vous là bas dépêchez vous on a du chemin à faire »
dit il en s'adressant aux deux derniers hommes qui sortent de l'auberge
et qui étaient vos compagnons de chambrée

[Markus]

Marcus avait suivi ses deux amis et s'était un peu tendu voyant ceux qui l'attendaient dans les écuries. Il ne dit rien, tentant de masquer son inconfort face à cette situation des plus étonnantes pour lui.
Il adressa un signe de tête pour saluer Gilles et son homme de main, puis installa ses affaires dans la carrioles, vérifiant que les futs étaient bien attachés. Il fallait qu'il s'occupe alors qu'il entendait d'une oreille plus ou moins attentive les propos d'Ivano. Il était assez loin de comprendre comment ses relations familiales pouvaient être de cet ordre.
Quelque part, il était peiné pour lui, ayant toujours imaginé que le calme protecteur dans lequel il vivait était le commun.

[ZoiD]

Comprenant qu'ils avaient en fait dormi avec des membres de l'équipe de Gilles, Sylvanus se dit qu'ils avaient bien fait finalement de se rassembler d'un même côté de la chambre, pour éviter toute tentation. Même si la présence de Gilles ici semblait indiquer qu'il avait, lui aussi, l'intention de faire les choses proprement ce jour.

Adressant un signe et un sourire à ce dernier il ajouta à la parole, le geste:

« Comme on dit chez moi: "votre manque de foi me consterne général". Aller jusqu'à nous escorter au pays des songes, Gilles enfin, je croyais t'avoir fait meilleure impression que ça... »

Il acheva sa boutade d'un grand sourire, afin de tenter, au moins pour les personnes bénéficiant d'un cerveau, de détendre un peu l'atmosphère.

« Mais je suis content de partager la route du Nord avec toi, ça nous rappellera des souvenirs, et de toute façon j'ai été mandaté pour une mission et je compte bien m'y tenir jusqu'au bout, donc je ne craint pas la présence de nos compagnons de chambrée. »

S'approchant de la charrette, il y déposa son sac et, d'un air léger caressa sa barbe naissante et pris nonchalamment, mais sans aucun geste brusque histoire de ne pas affoler les tas de muscles à l'autre bout de l'écurie, son petit couteau de poche et, le dépliant, se rasa la barbe en faisant mine de se préparer au voyage.

Messieurs, si mon couteau de voyage est assez affûté pour me raser, je vous laisse imaginer de quoi sont capables les lames dont je me sert au combat... Voilà qui devrait leur donner matière à réfléchir avant d'imaginer nous la faire à l'envers...

Espérant avoir montré la voie à Stéphano et Ivano sur la conduite à tenir face à Gilles et ses Hommes, Sylvanus avait essayé d'instiller un léger doute dans le coeur de leurs "gardes du corps", mais surtout de rassurer ses amis sur son assurance et sa volonté de mener tout le monde à bon port.

[Derkanke]

Ivano s'amuse en observant Sylvanus qui montre les muscles de manière subtile. Le fait que Gilles ait décidé de nous accompagner avec les deux autres au lieu qu'ils nous surprennent sur la route semble être une bonne nouvelle et une preuve de sa bonne volonté.

« Moi pas du tout pressé de le revoir. D'ailleurs quand on rentrera dans ma maison pour le voir, je dirai que c'était ton idée de m'accompagner jusqu'à lui. toi tu risques rien moi ça m'évitera des prises de têtes. »

Le jeune citadin de Port-Ker se prépare au voyage avec une bande des plus improbables: 7 lascards et un barde en devenir.
« Deux gars dans le dortoir pour vérifier si on décide pas subitement de partir en avance durant la nuit? Bien joué. » dit Ivano avec un large sourire narquois.

Pour une raison mystérieuse, il apprécie la situation voir même ce Gilles qui semble être assez malin. Je devrais peut-être garder contact avec ce type si tout se passe bien. Si j'arrive à quitter tout le merdier de mon père j'aurais un peu de temps libre devant moi...
Pouvoir faire des choses à la limite du raisonnable et du légal ne déplaît pas au jeune homme. Au contraire ça a tendance à le stimuler. S'il ne le faisait pas pour son père mais juste pour lui ça pourrait l'amuser. Ivano a un sens de la moral assez biaisé de par son enfance. Du moment qu'on n'attente pas à la vie d'autrui tout est permis ou presque pour son intérêt personnel...

[Hallacar]

S'adressant à Sylvanus
« moi aussi j'ai été mandaté pour une mission et l'un comme l'autre on est fidèle à notre engagement
Dans le monde des caves, on appelle ça, un cas de conscience, nous on dit : un point d'honneur.
Entre nous et son père, il va faire vilain temps.
En supposant que ça tourne à l'orage, toi et moi, on est sûr de se retrouver face à face, lame en pogne, avec l'honnêteté qui commande de frapper.
Ah non !
Un truc à décimer une amitié.
»
et il va pour aller chercher son cheval quand il entend Ivano parler

« t'inquiètes gamin je ferais le mauvais rôle et j'ai une présence tranquillisante »

[Zedafty]

Comprenant que l'entrevue touche à sa fin et qu'il est décidé de faire cap jusqu'à Port-Ker en compagnie du collecteur de dettes, Stephano rejoint Marcus près du chariot et s'apprête à harnacher la mule dès que l'espace le permettra. L'air de rien, le spadassin jette un œil aux montures de Gilles et de son comparse Brodus. Puis, plissant les yeux, le jeune homme chuchote au poète :

*Il faudra rester vigilant sur la route. Ivano et Sylvanus ont choisi de faire confiance à ce Gilles, mais je préfère rester prudent. Je suis désolé de t'avoir embarqué dans cette histoire. J'espère qu'au moins le voyage t'a permis de t'aérer l'esprit et de trouver l'inspiration pour de futurs poèmes.*

[Hallacar]

Pendant que Stéphano d'entretien avec Markus
Les deux autres amis de Gilles viennent préparer leur monture et avec Gilles et Brodus ils se préparent au départ