Extirper le Chaos à tout jamais

[snorri]

« L’heure est grave, mes fidèles et bienaimés sujets ! », annonça le vieux seigneur Guilhem devant les habitants de Castelpérégrin réunis, à la lueur de la torche, devant les marches de son manoir.

« Depuis que de monstrueuses créatures sont sorties du tombeau des anciens, dans la vieille nécropole, les malheurs n’ont cessé de s’abattre sur notre petite communauté. Notre regretté forgeron, maître Boren, a trouvé la mort en affrontant le Chaos. Qu’il soit loué comme un bienheureux ! »

Après un silence pesant, voué à la mémoire du malheureux nain, le seigneur repris la parole en ces termes : « Les plus intrépides d’entre nous, le cœur vaillant et protégés par le bouclier de la Foi, mus par leur amour de notre sainte église, de notre Loi et par l’esprit de Croisades qui mena nos pères en ces terres, ont bravé le tombeau ! »

A cette évocation, tous esquissent un signe de prière, tandis que les regards convergent vers nos braves aventuriers. « Ils ont combattu le Chaos sans frémir, dignes héritiers des saints des premiers âges, et ont sauvé notre bonne vieille Églantine ! », ajouta le seigneur, parlant de la pauvre vieille femme comme si elle lui fut familière. A vrai dire, cette dernière avait été emmenée dans un bon lit, pour se remettre de ses émotions.

« Mais nos malheurs ne se sont pas arrêtés là. La terre tremble, menace nos murailles et nos maisons, nous expose aux dangers de la steppe et des païens », ajouta-t-il, oubliant sans doute que parmi les aventuriers, tous n’étaient pas disciples de la Loi. « J’ai consulté notre bon père Miles, et mère Ombeline, et notre sage Théodorus, ainsi que plusieurs honorables habitants de cette ville. Qu’ils soient loués pour leurs conseils ! Tous s’accordent à penser que le Chaos qui s’est réveillé dans le tombeau n’a pas été extirpé, que quelque part dans ses profondeurs, un mal ancien est en train de se réveiller et qu’il nous appartient de le combattre avant qu’il ne soit trop tard. »

Le regard perçant du vieux seigneur s’était tourné vers la foule, sur ces visages fatigués et craintifs éclairés par la lueur vacillante des torches et l’aube naissante, à la recherche d’un peu d’espoir, de vaillance et de foi. A côté de lui, sa fille Pétronille observait avec émoi les charmants héros qui avaient affronté tant de périls.

« Je fais appel à vous encore, vaillants héros de Castelpérégrin, et à toutes celles et ceux qui oseraient relever le défi. Qui oserait retourner dans le tombeau des anciens pour en extirper le Chaos à tout jamais ?! »

[Troumad]

Fédérick déclare : Je suis partant pour retourner dans le tombeau ! Ce lieu d'épouvante mérite d'être nettoyé.
Qui me suit ? Plus on sera nombreux, plus on sera efficace et rapide. Castelpérégrin a besoin de nous, c'est maintenant ou jamais qu'il faut venir en aide à notre jolie petite bourgade.

[Rackhir]

Râjputs, la capuche tirée, se réfugie dans l'ombre en murmurant plus pour lui-même qu'autrui :

"Je ne défendrai personne d'autre que moi mais ai-je le choix de ne pas y aller ?"

[elendil]

Ebbon Chesnais, ancien acolyte du Père Milès (devenu "adepte" depuis qu'il reçut ses pouvoirs magiques de soins à la chapelle Sainte Morgane en soignant Eglantine), s'avança, et prit la parole. On était frappé par l'aspect chétif, et presque enfantin, de Ebbon, petit et maigre, et aux épaules frêles, mais sur son visage, désormais recouvert d'une fine barbe noire, se lisait une grande détermination :

"Sire Guilhem, si je puis me permettre, il serait je crois indispensable, en plus des volontaires possibles qui se désigneront, d'affecter au moins une dizaine de miliciens afin d'assurer le succès de notre mission. Bien entendu, connaissant désormais un peu les lieux, je serai de l'expédition. Sans compter que des hommes de foi sont indispensables pour lutter contre les forces du chaos, et le Père Milès étant nécessaire au village, je me propose volontiers, tout en mesurant le danger qui nous attend. Je serais très heureux aussi si un de mes frères de la paroisse se joignait à nous, on ne sera jamais de trop pour repousser ces créatures de l'enfer !"

[Toko]

Entendant les propos d'Ebbon depuis la foule qui entourait les héros et sir Guilhem, le cœur du jeune frère Anselme tressaillit dans sa poitrine, comme s'il avait manqué de marquer un ou plusieurs battements. Tremblant un peu, le jeune acolyte à la légère bedondaine et au visage poupin fit quelques pas pour sortir de la presse et bredouilla :
"Si... si le père Miles y consent, et que les saints de la Loi l'approuvent, je..."

Le jeune homme marqua une pause, conscient de tous les regards qui s'étaient braqués sur lui. Il déglutit péniblement avant de reprendre la parole, rassuré par le regard bienveillant du père Miles qui semblait l'encourager. Une douce chaleur, qu'il attribua à la bénédiction de sainte Morgane, se répandit dans tout son être lorsqu'Anselme reprit, avec plus de conviction :
"Je me joindrai à Ebbon et au groupe de héros pour bouter le mal hors de la vieille nécropole.
Puissent la Loi et sainte Morgane, qui m'en sont témoins, me donner la force et la foi nécessaires. Et que je périsse si je faillit à ma tâche !"

Rougissant, le jeune acolyte vint se placer à côté d'Ebbon.

[RichardIV]

Le nain avait quitté la taverne pour aller écouter le Seigneur Guilhem, un peu par curiosité, un peu aussi parce qu'il avait flairé la possibilité de garnir sa bourse désormais presque vide. On ne faisait que rarement appel aux "vaillants héros" pour rien. Il y avait sans doute de l'or à la clé...

Le discours était classique. Le Chaos menaçait de s'abattre sur le village à partir d'un tombeau hanté. Ca, déjà, c'était une bonne chose. Qui dit "tombeau" et "nécropole" dit souterrains, couloirs et cavernes. Du familier, quoi, pas des étendues herbeuses dans lesquelles on se sent tout vulnérable, ni d'épaisses forêts où on ne voit pas à plus de dix pas.

Il observa l'assemblée: chacun regardait le bout de ses chaussures, bottes, sandales ou orteils, selon les cas. Seule une poignée de braves semblait prête à relever le défi.

Oh, ils ne payaient pas de mine.

Des curés et des ecclésiastiques, pensa-t-il. Pas un vrai combattant dans le lot. Et puis, l'autre, là, avec sa capuche. M'inspire pas vraiment confiance. Belle compagnie, pour mourir...

Le nain s'avança alors à son tour, dans un bruit de métal.

"Je me nomme Luki, fils de Groïn. Vous ne me connaissez pas, mais j'ai pour métier celui des armes. Les caveaux n'effraient point ceux de ma race, et je suis partant pour aller aider vos hommes à en extirper le mal. Je ne demande, comme salaire, qu'une part pleine de ce que l'on pourrait en remonter"

Il s'arrêta e regarda autour de lui en rougissant, car sa voix avait un peu tremblé, malgré le fait qu'il s'était répété ce discours dix fois...

[Ungoliant]

Eloi, positionné sur les marches du manoir, non loin d'Ebbon, qu'il avait appris à connaître, fut rappelé à la réalité quand le vieux seigneur grommela quelque chose comme "en extirper le Chaos à tout jamais !" : en effet, le capitaine de la garde était plus intéressé par Pétronille que par le discours de son père. A vrai dire, c'était cette dernière qu'il l’enflammait le plus... surtout au niveau de ses joues, qui s'étaient empourprées quand il avait croisé son regard admiratif. Il lui fallait réfléchir à prendre femme, à son âge. Rester célibataire alors qu'on était auréolé par l'héroïque épopée, c'était de la folie.

Le garde boiteux vit Ebbon s'avancer et se lancer dans une des diatribes dont il avait le secret. La barbe, autant que son galon pris, lui allaient rudement bien. Il se sentit un peu obligé de faire quelques pas en avant pour se placer aux cotés du jeune clerc : sans lui-même, ils allaient au massacre !

D'une voix bourrue, il annonça, en jetant un regard du coin de l’œil vers Pétronille : "Hum, Vous pouvez compter ...hum... sur moi, tout naturellement, cher Ebbon." Il vit aussi sortir du rang un moinillon de bas étage, assez secoué par les paroles de sire Guillem puisqu'il annonça vouloir périr s'il faillait. Un peu extrémiste, çui-là, se fit-il la réflexion : à mon avis, il déchantera bien vite ! Enfin, un nain se proposa, mettant tout de suite sur la table la question de la récompense. Laissant Ebbon tancer vertement ce lésineur, il pensa que le nez épaté du nouvel arrivant prouvait bien son ascendance du coté de Groin !

Mais, mais... ce filou de Raj tendait de prendre la tangente ! Sans perdre une seconde, le garde tonna en direction de la silhouette encapuchonnée : "Vous proposer pour cette mission dangereuse est particulièrement honorable de votre part, Rajputs. Ne faites pas le modeste, rejoignez-vous, que tous sachent que ceux qui vous traitent de pleutre et de pilleur de tombes sont des médisants !"

[snorri]

Agréablement surpris de l'élan de bravoure et d’inconscience du jeune frère Anselme, le père Milès lui adressa un signe de bénédiction pour toute approbation. Grande était sa fierté, et toute aussi grande était sa crainte de perdre ces deux petits qu'ils avait presque élevé, dont il avait des acolytes de la Loi. Et voilà que l'un d'entre eux montrait assez de sainteté pour faire des miracles dignes d'un adepte !

L'assemblée tressaillait à chacune des vaillantes déclarations de ceux qui étaient prêts à mourir pour la foi, et pour leur sûreté.

[Rackhir]

Raj, surpris par le fait d'avoir été hélé par Eloi, marqua un imperceptible temps d'arrêt avant de se reprendre :

"J'allais, de ce pas, préparer mon paquetage, Maître Eloi. Maintenant que nous en savons un peu plus sur ce qui nous attend, nous ne devons être pris au dépourvu. Et il est évident que vous aurez besoin de moi là-bas. Néanmoins, je concède avoir fait preuve de zèle et nous avons encore un peu de temps..."

Un sourire éclaira le visage peu avenant de l'étranger alors qu'il rejoignait ses compagnons d'infortune sur le devant de la scène.

[Marc de Grinçomanoir]

Gauthier rejoignit le groupe d'un pas ferme et résolu. Tout en triturant sa moustache il lança d'une voix forte:
Je ne saurais résister au plaisir de me joindre à une telle assemblée. Mon seigneur,(il incline la tête vers le seigneur Guilhem) mon honneur(il bombe le torse) et ma foi,(il baisse un peu la voie, comme s'il se recueillait intérieurement) me commande d'y participer.
La fin de son discours est ponctué par le bruit mat du talon de son épieu frappant le sol. Il reste ensuite planté là, inébranlable, attendant visiblement la suite des événements.